Vibe Coding : pas qu’une tendance, un état d’esprit pour l’avenir du développement

Le Vibe Coding n’est pas une tendance, c’est un changement de paradigme. Ce manifeste partage une vision claire : penser plus, coder moins, automatiser tout ce qui n’apporte aucune valeur — et créer des produits qui provoquent une vraie émotion, pas juste un clic.

Vibe Coding : pas qu’une tendance, un état d’esprit pour l’avenir du développement

Introduction : le jour où tout a changé

Je me souviens précisément du jour où ma façon de coder a basculé dans une autre dimension. C’était fin 2022.

J’étais encore freelance, CTO à la pige jonglant entre plusieurs projets, quand OpenAI a ouvert au grand public l’accès à ChatGPT.

Ce soir-là, devant mon écran, j’ai tenté une expérience folle : laisser une IA m’aider à coder.

Je décris en langage naturel une fonctionnalité simple dont j’ai besoin, et l’IA me génère un bout de code tout fait. Stupéfait, j’affine ma requête, j’obtiens un code encore meilleur.

En quelques heures, j’avais un prototype fonctionnel sans avoir tapé moi-même plus de quelques lignes. Mon monde venait de changer.

« Ce soir-là, j’ai compris que ma façon de coder venait de changer à jamais. »

Fort de cette révélation, j’ai commencé à intégrer ces nouveaux grands modèles de langage (LLM) dans tous mes workflows de développement.

J’ai relié les APIs Open AI à la documentation de mes projets grâce au Retrieval-Augmented Generation (RAG) pour qu’il puisse puiser des informations à la volée dans mes bases de connaissances internes.

J’ai même expérimenté la création d’agents automatisés – ces programmes autonomes qui enchaînent les tâches de codage presque sans intervention humaine.

En avril 2023, l’agent open-source AutoGPT a fait le buzz en montrant qu’une IA pouvait tenter de se donner des objectifs de développement et les accomplir en boucle .

Bien sûr, c’était encore rudimentaire et plein d’erreurs, mais quelle révolution en perspective !

Pour certains, ce n’était qu’une mode passagère, un simple buzz né de l’hyper médiatisation de l’IA.

Pour moi, c’était bien plus fort, bien plus profond : le signe évident d’un changement radical, d’un basculement vers un nouveau paradigme technologique. Dès l’instant où ce terme a surgi, j’ai su qu’il ne serait jamais une tendance éphémère, mais plutôt une révolution durable et nécessaire.

J’ai immédiatement fait du Vibe Coding mon quotidien, mon état d’esprit, ma manière d’envisager le futur du développement.

Mais finalement, que signifie vraiment Vibe Coding ?

En quoi est-ce plus qu’une simple hype ?

Pourquoi ai-je eu raison d’en faire mon mantra depuis le début ?

Plongeons au cœur d’une transformation qui redéfinit profondément notre métier.

Le Vibe Coding, l’avenir des développeurs chevronnés

Le “Vibe Coding”, qu’est-ce que c’est au juste ?

Popularisé début 2025 par un tweet d’Andrej Karpathy, ex-directeur de l’IA chez Tesla, le terme désigne une manière de programmer en s’appuyant massivement sur une IA copilote.

Au lieu d’écrire chaque ligne à la main, le développeur décrit ce qu’il veut à un modèle de langage, puis laisse l’IA proposer du code, teste le résultat, et affine en fonction de si “ça marche bien” ou non .

En somme, on code par conversation avec l’IA, en se fiant au feeling du résultat obtenu – d’où le terme vibe.

Typiquement, une séance de Vibe Coding se déroule ainsi :

  1. Prompt – Le développeur décrit en langage naturel le besoin ou le problème. Par exemple : « Crée une API REST en Node.js pour ajouter un utilisateur, avec validation des données et enregistrement en base. »
  2. Génération – L’assistant IA (que ce soit ChatGPT, GitHub Copilot, Cursor AI, etc.) génère le code correspondant : les routes, la fonction de validation, la requête SQL… souvent en quelques secondes.
  3. Test & Ajustement – Le développeur exécute le code généré et observe. Est-ce que “ça vibe bien” ? Autrement dit, est-ce que le comportement correspond globalement à ce qui est attendu ? Si oui, on peut accepter le code tel quel ou presque. Sinon, on fournit du feedback à l’IA : « Ajoute une vérification que l’email n’est pas déjà pris », « Gère le cas où la base de données est indisponible », etc., puis l’IA régénère les portions de code concernées.
  4. Itération – On répète le cycle test/raffinement jusqu’à obtenir un résultat satisfaisant. On peut ainsi, sans plonger dans chaque détail d’implémentation, converger vers une solution fonctionnelle. Le développeur devient plus metteur en scène que scribe du code, guidant l’IA pas à pas vers le résultat voulu.

Le Vibe Coding s’apparente donc à une nouvelle forme de pair programming où notre binôme serait une IA ultra-rapide.

Cela ne signifie pas que l’on code “sans les mains” aveuglément. Du moins, pas dans sa version disciplinée. Un développeur expérimenté utilisera cette approche comme un multiplicateur de productivité, tout en gardant un œil critique sur ce que produit la machine.

Contrairement à un junior (nous y reviendrons), un senior connaît les écueils possibles : il saura reconnaître si l’IA hallucine une fonction improbable ou introduit une faille de sécurité grossière.

En somme, le Vibe Coding est une finalité atteignable pour les développeurs seniors, ceux qui ont assez de bouteille pour canaliser la puissance de l’IA sans s’y brûler les ailes.

80% penser, 20% coder : la nouvelle donne

Pourquoi les développeurs chevronnés adoptent-ils le Vibe Coding avec enthousiasme ?

Parce qu’il réalise enfin un vieux rêve : consacrer l’essentiel de son énergie à la conception et à la résolution de problèmes, plutôt qu’à la frappe du code brut.

Dans un monde idéal, écrire du code n’est qu’un détail d’exécution – l’important, c’est l’idée, l’architecture, l’ingéniosité de la solution. Or aujourd’hui, grâce aux LLMs, on s’en approche.

J’estime que 80% de mon effort devrait aller à imaginer et construire la solution, et seulement 20% à l’écrire en syntaxe code.

Je ne suis pas le seul à le penser.

Après avoir enchaîné 33 projets de MVP en 65 jours grâce à l’IA, un développeur a conclu que « le développement assisté par IA, c’est 80% de planification et seulement 20% de codage » .

Beyond AI: The 80/20 Secret to Building MVPs That Actually Work – What 33 Projects Taught Me About…
The Hard Truth About AI-Assisted Development :

En effet, foncer tête baissée à coder avec l’IA sans réflexion mène au désastre (sorties farfelues, bugs interminables ) ; alors qu’en passant du temps à bien définir ce qu’on veut, l’IA peut ensuite générer le code rapidement et correctement.

Cette règle des 80/20 du Vibe Coding, j’en ai fait ma ligne de conduite.

En tant que développeur senior, mon temps est bien mieux investi à peaufiner la conception, clarifier les specs, anticiper les cas limites, plutôt qu’à taper mécaniquement du code boilerplate.

L’IA se charge de ce dernier avec une efficacité redoutable – et inépuisable.

Il ne s’agit pas d’une lubie isolée.

Toute l’industrie se dirige vers plus d’abstraction dans le développement. Sundar Pichai, le CEO de Google, a récemment révélé qu’à ce jour plus d’un quart du nouveau code chez Google est généré par une IA, puis relu et accepté par les ingénieurs humains .

More than a quarter of new code at Google is generated by AI
The company had a strong quarter thanks in large part to AI.

Cette statistique donne le vertige : même dans l’une des entreprises les plus exigeantes en termes de qualité logicielle, les seniors font confiance à l’IA pour écrire une part croissante du code, qu’ils se contentent ensuite de valider. Le Vibe Coding, encadré par des experts, fonctionne déjà à l’échelle de milliers de développeurs.

« Les outils de code assistés par IA ne sont pas des baguettes magiques – ce sont des outils de puissance. Et comme tout outil, ils ne valent que par la compétence de la personne qui s’en sert. »Subhodip Dutta, Senior Software Engineer

Cette remarque frappe juste : donner Copilot ou ChatGPT à un développeur senior, c’est comme mettre une tronçonneuse dans les mains d’un bûcheron chevronné – il abattra 10 fois plus de travail dans la journée qu’avec une simple hache.

Un ingénieur expérimenté sait gérer les risques, porter un casque et ajuster sa visière : il ne va pas se blesser bêtement.

De même, le senior en mode Vibe Coding maîtrise son outil IA.

Il l’emploie pour ce qu’il fait de mieux (la vitesse d’exécution, la mémorisation parfaite de la documentation, la génération de code standard) tout en contrôlant manuellement les aspects sensibles (la logique métier pointue, les optimisations complexes, les validations de sécurité).

L’IA devient son coéquipier infaillible sur les tâches fastidieuses, lui laissant l’initiative sur les décisions critiques.

Concrètement, le Vibe Coding décuple l’efficacité et la portée d’un développeur expérimenté.

Il y a quelques années, on considérait qu’un “rockstar developer” produisait peut-être 10 fois plus de valeur qu’un dev moyen.

Aujourd’hui, un dev moyen + IA peut potentiellement aller aussi vite qu’un excellent dev seul – et un excellent dev avec IA, parlons-en !

Des cas d’usage concrets : ce que change réellement le Vibe Coding

Le Vibe Coding, ce n’est pas coder plus vite.

Ce n’est pas non plus coder moins cher.

C’est changer profondément la manière dont on réfléchit, construit, et déploie des projets.

Voici comment je l’ai vécu, sans filtre, dans mes projets.

1. Du MVP au MVE : Minimum Viable Experience

Pendant des années, on a cherché à produire des MVP : des produits minimaux fonctionnels, capables de valider une idée sur le marché.

Avec le Vibe Coding, j’ai changé totalement de prisme. Le véritable objectif n’est plus seulement de livrer quelque chose qui fonctionne, mais de créer immédiatement une émotion, un engagement, une expérience.

Le MVE, c’est livrer :

  • Une expérience minimale,
  • Mais suffisamment forte pour provoquer une réaction utilisateur claire.

Concrètement, en utilisant le Vibe Coding :

  • Les prototypes sont construits en quelques jours au lieu de plusieurs semaines,
  • 80% du temps est investi dans la conception de l’expérience utilisateur,
  • Les ajustements sont itérés en temps réel, directement à partir des premiers feedbacks.

Le code n’est plus la finalité. Il devient le médium brut pour modeler une expérience.

Le Vibe Coding ne sert pas juste à livrer un produit. Il sert à provoquer une adhésion.

2. Former des développeurs qui pensent avant de produire

Le Vibe Coding mal compris pourrait pousser des juniors à devenir dépendants des suggestions IA sans jamais comprendre ce qu’ils produisent.

Dans tous mes projets, le Vibe Coding s’accompagne d’une règle stricte :

penser, critiquer, comprendre avant de valider.

Comment concrètement :

  • Toute génération de code par IA doit être expliquée, justifiée et reformulée par le développeur,
  • Le prompt n’est pas l’objectif ; c’est la compréhension du problème et du résultat attendu qui compte,
  • La relecture critique du code produit devient systématique, quelle que soit la source.

Un développeur formé ainsi ne devient pas esclave des outils. Il les maîtrise, il les dirige.

3. Automatiser ou supprimer les tâches à faible valeur ajoutée

Une des grandes forces du Vibe Coding, ce n’est pas de “gagner du temps” sur l’écriture du produit principal.

C’est d’éliminer définitivement tout ce qui n’a pas d’impact réel.

Dans mon approche :

  • La génération automatique de documentation est standard,
  • Le tri initial des tickets, logs ou erreurs est confié à des agents IA,
  • Les tâches répétitives et sans ROI direct sont automatisées ou supprimées.

Chaque minute d’attention humaine est précieuse. Elle doit être investie dans l’architecture, dans la stratégie, dans l’innovation, pas dans des tâches mécaniques ou secondaires.

Le Vibe Coding n’est pas un accélérateur. C’est un purificateur du travail de développeur.

4. Accélérer les prototypes, sans sacrifier la réflexion

Le gain de temps est réel.

Mais il ne se mesure pas seulement en heures économisées sur du développement manuel.

Il se mesure dans la capacité :

  • À explorer plusieurs solutions techniques en parallèle,
  • À rater plus vite pour corriger plus vite,
  • À consacrer l’essentiel de l’énergie sur la recherche du “vrai problème” à résoudre.

Le code n’est plus un frein. Il n’est plus un goulet d’étranglement.

Il devient une matière malléable, modelée au service de l’idée.

Le Vibe Coding ne réduit pas le temps de création. Il réduit le temps de stagnation

Résumé

  • Le Vibe Coding transforme le MVP en MVE : ce qui compte, ce n’est plus juste de fonctionner, c’est de vibrer.
  • Le Vibe Coding reforme des développeurs critiques, capables de comprendre avant de produire.
  • Le Vibe Coding automatise ou supprime ce qui n’a pas de valeur pour libérer la création.
  • Le Vibe Coding réduit le temps mort, pas la qualité de la réflexion.

Utilisé correctement, il ne nous rend pas plus rapides.

Il nous rend meilleurs.

Ces exemples ne sont pas de la science-fiction : ils se produisent aujourd’hui dans les équipes à la pointe. En tant que développeur senior, quand je pratique le Vibe Coding, j’ai souvent l’impression grisante d’avoir un superpouvoir.

Celui d’avancer un projet la nuit pendant que je dors (grâce à un agent qui continue d’exécuter des tâches), ou de matérialiser en quelques heures une idée qui m’aurait pris des jours de code ingrat.

On touche du doigt ce que pourrait être le développement logiciel de demain : une collaboration fluide entre l’humain et l’IA, où chacun apporte le meilleur de soi – la créativité et le sens critique pour l’un, la vitesse et la mémoire infinie pour l’autre.

Mais dépeindre ce tableau idyllique ne serait pas honnête sans évoquer l’envers du décor. Car si pour un développeur expérimenté le Vibe Coding est une arme redoutable, pour un programmeur débutant c’est une toute autre histoire…

Passons maintenant à la face sombre de cette pratique lorsque l’on manque de bouteille.

Gare aux mirages pour les développeurs juniors

Plaçons-nous un instant dans la peau d’un jeune développeur fraîchement débarqué dans ce monde d’IA toute-puissante.

D’un côté, il voit ses aînés produire du code à la vitesse de l’éclair avec ChatGPT. De l’autre, on lui rabâche qu’il faut apprendre les bases, comprendre ce qu’on fait.

Le Vibe Coding peut alors devenir un piège dangereux pour lui.

Pourquoi ? Parce que la tentation de se reposer entièrement sur l’IA est grande, au risque de freiner brutalement sa propre progression.

Imaginons Léa, développeuse junior de 6 mois d’expérience.

Confrontée à un bug complexe, elle pourrait être tentée de simplement copier-coller le message d’erreur dans ChatGPT et d’appliquer sans vraiment le comprendre le correctif suggéré.

Peut-être que ça marchera sur le coup. Mais qu’aura appris Léa ?

Presque rien.

Pire, si la solution de l’IA introduit un effet de bord, elle ne s’en apercevra pas avant d’y être confrontée plus tard, parce qu’elle n’a pas acquis les réflexes de lecture critique du code.

De nombreux débutants témoignent d’ailleurs de cette crainte : en utilisant massivement les outils LLM, ne risquent-ils pas de passer à côté des compétences de programmation essentielles ?

Des participants à une étude récente s’inquiètent que les IA « les empêchent de développer des compétences de programmation appropriées » .

Junior Software Developers’ Perspectives on Adopting LLMs for Software Engineering: a Systematic Literature Review

Un développeur sur StackOverflow plaisantait à moitié : « Si tu laisses l’IA coder à ta place, tu apprendras plus à parler à l’IA qu’à programmer » . Le trait d’humour est grinçant, mais il contient une part de vérité pour un junior.

The problem with “vibe coding” | Hacker News

Le premier écueil du Vibe Coding chez les moins expérimentés, c’est donc la perte d’apprentissage.

Programmer, ce n’est pas juste faire fonctionner un bout de code, c’est aussi comprendre pourquoi et comment il fonctionne. Or si l’on se contente d’orchestrer une IA sans creuser, on risque de devenir un simple opérateur de “boîte noire”.

Un junior qui code en mode vibe sans supervision peut passer à côté des fondements : les structures de données, la complexité d’un algorithme, les design patterns, etc.

Sur le moment, cela ne se voit pas – son appli tourne, il est content. Mais au bout de quelque temps, il se retrouve limité, incapable d’évoluer sans son béquillage d’IA. La dépendance s’installe.

C’est un peu comme ces conducteurs novices qui s’appuient trop sur le GPS : ils arrivent à destination, oui, mais ne savent toujours pas lire une carte ni se repérer par eux-mêmes.

Un deuxième danger tient au manque de recul et à la confiance aveugle. Le concept même de vibe coding encourage à “faire confiance au feeling” du résultat.

Pour un œil exercé, ça peut suffire : un senior verra rapidement si le code généré “sent bon” ou non. Mais un junior n’a pas ce nez-là.

S’il se contente de vérifier que “ça a l’air de marcher”, il risque de passer à côté de problèmes cachés.

Combien de jeunes développeurs, grisés par la facilité apparente de Copilot, ont intégré du code non optimal, voire carrément erroné, dans leurs projets sans s’en rendre compte ?

Les LLM peuvent produire du code qui fonctionne en surface mais qui est truffé de mauvaises pratiques ou de failles de sécurité subtiles. Sans expérience, difficile de les détecter.

Résultat : un sentiment de fausse sécurité.

On pense que tout va bien puisque l’IA n’a pas râlé, mais en réalité on accumule une dette technique sournoise.

Par exemple, j’ai encadré un junior qui utilisait GPT-4 pour générer du code SQL.

Tout marchait en dev.

En production, on s’est aperçu que les requêtes SQL étaient non optimisées et ralentissaient l’application – l’IA avait pondu du code fonctionnel mais ignorant les index et jointures complexes, ce que le junior n’a pas su anticiper.

Ce genre de mauvaise surprise arrive dès qu’on sort des sentiers battus.

D’ailleurs, les études rapportent que la qualité des suggestions des IA est très variable : elles peuvent proposer du code non optimal, voire faux, et les juniors n’ont pas toujours le bagage pour évaluer ces suggestions .

Junior Software Developers’ Perspectives on Adopting LLMs for Software Engineering: a Systematic Literature Review

Un junior risque de prendre pour argent comptant tout ce qui sort du modèle, surtout si cela règle son problème immédiat.

Le troisième risque majeur, c’est le manque de progression en résolution de problèmes.

Apprendre à programmer, c’est apprendre à réfléchir face à un problème donné : décomposer le problème, imaginer des solutions, les mettre en œuvre étape par étape, débogguer quand ça coince.

C’est un apprentissage parfois laborieux, mais indispensable. Or avec un assistant IA omniprésent, le junior peut être tenté de zapper ces étapes formatrices.

Pourquoi s’embêter à réfléchir longtemps quand on peut demander directement « Comment faire X en Python ? » et obtenir la réponse toute cuite ?

Certes, l’IA donne souvent la bonne solution pour des problèmes classiques.

Mais du coup, le jour où Léa (notre développeuse junior imaginaire) tombera sur un problème un peu nouveau ou sur un bug vicieux que l’IA ne sait pas résoudre, elle sera démunie.

Parce qu’elle n’aura pas forgé sa propre méthode de résolution.

C’est un peu comme si un apprenti cuisinier utilisait toujours un thermomix : il saura préparer plein de plats en appuyant sur des boutons, mais le jour où la machine tombe en panne, saura-t-il seulement couper les légumes et gérer la cuisson ?

Un aspect qu’on souligne moins, c’est aussi l’impact psychologique sur le junior.

Travailler avec un assistant IA ultra-perfectionniste peut entamer la confiance en soi.

Si chaque fois que j’écris du code, l’IA me propose une version “améliorée” ou me signale des erreurs, je peux finir par me sentir incompétent. Certains jeunes développeurs rapportent que l’IA leur fait douter d’eux-mêmes : « Est-ce que j’aurais trouvé ça tout seul ? Peut-être que je ne suis pas fait pour ce métier si j’ai autant besoin de l’IA… ».

Une étude a noté que cette dépendance pouvait « affecter la confiance des développeurs, en particulier les plus juniors » .

Il faut donc un certain recul, une maturité, pour prendre l’IA pour ce qu’elle est – un outil – et ne pas se dévaloriser face à elle.

Les seniors ont généralement cette distance (ils savent qu’ils peuvent faire sans, ils voient l’IA comme un assistant perfectible).

Un junior, lui, peut facilement surestimer l’IA et se sous-estimer lui-même, ce qui n’est pas sain pour apprendre.

Enfin, le Vibe Coding chez les débutants peut encourager des mauvaises habitudes de travail.

Par exemple, ne pas documenter le code généré (puisque l’IA peut toujours “expliquer” si besoin), négliger les tests unitaires (car le code est censé marcher du premier coup, n’est-ce pas ?), ou zapper la revue de code par des pairs humains.

Or ces disciplines (documentation, tests, code review) restent cruciales, IA ou pas.

Un junior qui prend l’habitude de tout faire en mode vibing solo pourrait avoir du mal à s’intégrer ensuite dans une équipe où l’on attend de lui rigueur et transparence.

Le risque est de fabriquer des développeurs “assistés”, dépendants de leur AI-pair, et incapables de travailler de façon autonome ou de collaborer efficacement.

Soyons clairs : tout ceci ne signifie pas qu’un jeune développeur ne doit pas utiliser les IA. Au contraire, bien encadré, c’est aussi un atout pour lui (gain de temps, accès à des explications 24/7, etc.).

D’ailleurs, nombre de juniors disent que ChatGPT les aide à progresser en leur expliquant du code ou en servant de tuteur disponible en permanence – ce qui est formidable quand on débute.

Le problème, c’est l’usage sans garde-fou.

Lâché seul en mode Vibe Coding, un junior a de fortes chances de prendre de mauvaises routes sans s’en rendre compte. C’est pourquoi certains experts recommandent d’établir des bonnes pratiques pour l’utilisation des IA en apprentissage, ou même de restreindre certaines usages trop avancés pour les débutants.

On pourrait imaginer des règles du type : “chaque suggestion de l’IA doit être comprise et reformulée par le junior avant intégration”, ou “pas de génération automatique pour les tâches que tu n’as jamais fait manuellement au moins une fois”.

Bref, des règles pédagogiques pour éviter la “calculatrice” avant d’apprendre à compter mentalement.

En l’état actuel, le Vibe Coding pur et dur – celui où l’on “se laisse porter par l’IA” – est un terrain miné pour les programmeurs juniors.

Cela peut les griser dans un premier temps, mais provoquer des lacunes importantes sur le long terme. C’est un peu le revers de la médaille de cette révolution : à trop vouloir faciliter le codage, on pourrait priver la nouvelle génération de l’apprentissage en profondeur du code.

Alors, faut-il jeter le Vibe Coding aux orties pour autant ? Bien sûr que non.

La clé réside dans la manière de l’utiliser intelligemment.

Et c’est justement le point crucial de notre synthèse : comment tirer le meilleur du Vibe Coding tout en évitant ses écueils, pour en faire un formidable levier d’innovation responsable.

Innover plus vite grâce au Vibe Coding… avec rigueur et responsabilité

Nous voici face à deux réalités : d’un côté, le Vibe Coding propulse les développeurs expérimentés vers de nouveaux sommets de productivité et de créativité ;

de l’autre, il peut représenter un raccourci dangereux pour les moins aguerris, menant à une dépendance et à une stagnation des compétences.

Alors, comment concilier ces deux faces ?

La réponse tient en un mot : l’encadrement.

Bien utilisé, le Vibe Coding devient un allié puissant qui accélère l’innovation, à condition de l’accompagner de rigueur, d’expertise humaine et de responsabilité.

Autrement dit, il faut un esprit maître pour dompter cet outil extraordinaire, sans quoi c’est lui qui risque de nous dominer.

L’IA comme turbo, pas comme pilote automatique

La première chose à clarifier, c’est le rôle de l’IA dans le processus. En synthèse, le développeur doit rester le pilote, et l’IA le copilote, jamais l’inverse.

Le Vibe Coding n’implique pas de céder aveuglément le contrôle à la machine, mais de l’orchestrer habilement. Un article résumait bien cela : « Le futur du développement, ce n’est pas de se mesurer à l’IA – c’est de l’orchestrer pour bâtir des choses incroyables. » .

The AI-Native Way of Developing Software: A Personal Journey into the Future of Coding
Introduction: From Skeptic to Believer in AI-Assisted Coding I still remember the first time I pair-programmed with an AI. It was late 2021, and I had just installed the technical preview of GitHub Copilot.

Plutôt que de voir l’IA comme un remplaçant du développeur, voyons-la comme une extension de ses capacités. Le développeur devient le chef d’orchestre qui coordonne l’IA et les autres outils pour réaliser sa vision.

En pratique, cela signifie que chaque portion de code générée par l’IA doit passer sous les yeux critiques d’un humain avant d’être validée, surtout dans un contexte professionnel sérieux. Le “vibe” ne suffit pas : il faut vérifier la qualité, tester les cas limites, confronter le code aux standards de l’entreprise.

On peut embrasser la vitesse de l’IA sans sacrifier la discipline logicielle. Par exemple, chez nous, on a instauré que toute contribution issue d’un LLM doit faire l’objet d’une revue de code par un pair humain (sachant qu’on révise aussi nos codes écrits manuellement, de toute façon).

C’est durant cette relecture qu’un œil entraîné peut détecter un problème que l’IA n’aurait pas vu. Le Vibe Coding ne dispense pas des bonnes pratiques, il les rend d’autant plus nécessaires.

Un expert l’a formulé ainsi : « Vibe coding with AI still requires good engineering practices », c’est-à-dire qu’il faut maintenir la documentation, les tests, la qualité, sans quoi on court à la catastrophe. L’IA n’est pas infaillible, elle est là pour accélérer, pas pour garantir.

Mettre en place des garde-fous et standards AI

Comme pour toute nouvelle technologie puissante, il est vital d’établir des garde-fous. On l’a fait pour l’utilisation du cloud, pour la cybersécurité…

Il en va de même pour l’usage des IA dans le dev. Cela passe par la définition de standards d’utilisation au sein des équipes.

Par exemple, déterminer quand il est approprié d’utiliser l’IA et quand il vaut mieux s’en abstenir.

Un cas concret : chez un client, nous évitons d’utiliser l’IA pour générer du code de chiffrement ou d’authentification critique, car nous estimons que ces parties doivent être maîtrisées à la main vu leur sensibilité (et les LLM ont pu montrer des faiblesses ou des réponses incomplètes en matière de sécurité).

De même, pour toute suggestion d’IA touchant à la sécurité, nous appliquons une revue encore plus pointilleuse, un peu comme un second audit manuel systématique.

On peut aussi mettre en place des outils pour contrôler le code généré.

Je pense par exemple à des analyseurs ou linters spécialisés qui détecteraient les patterns douteux propres au code écrit par IA.

Un auteur proposait d’ailleurs d’introduire des « analyseurs spécifiques pour le code généré par IA, afin d’attraper les anti-patrons courants que les modèles actuels produisent » .

C’est une piste intéressante : tout comme on a des linters pour faire respecter un style de code, on pourrait en avoir pour faire respecter un certain niveau de qualité aux contributions IA.

De même, sur le plan de la propriété intellectuelle, certaines entreprises commencent à s’interroger : si une IA a été entraînée sur des milliers de projets open-source, le code qu’elle génère peut-il poser des problèmes de licence ?

Là aussi, responsabilité : c’est à nous, humains, de vérifier et de nous assurer qu’on utilise des modèles conformes (ex : modèles entraînés sur du code libre de droit, ou capable de citer ses sources pour qu’on sache d’où vient tel extrait).

En termes de workflow, il peut être judicieux de documenter quand le code provient d’une IA.

Cette transparence permet à tous les membres de l’équipe de savoir qu’une portion a été produite un peu différemment, et peut-être d’y prêter attention.

Non pas qu’on la considère inférieure, mais simplement différente.

Avec le temps, ces distinctions vont sans doute s’estomper à mesure que l’usage devient naturel. Mais dans cette phase d’adoption, c’est bien d’être conscient à chaque instant de ce qui est fait par l’IA et de ce qui est fait par l’humain, afin de garder le contrôle de bout en bout.

Former et faire monter en compétence

Pour que le Vibe Coding tienne ses promesses sur le long terme, il faut que les développeurs – juniors comme seniors – montent en compétence ensemble avec l’IA. Cela implique un effort de formation continue.

Les seniors d’aujourd’hui doivent apprendre ces nouveaux outils et aussi apprendre à les encadrer pour les plus jeunes. J’encourage dans mon équipe un véritable mentorat autour de l’IA : on organise des sessions de partage où chacun montre comment il utilise tel ou tel outil (Copilot, Cursor, etc.), on échange sur les prompts qui marchent bien, on discute aussi des erreurs de l’IA qu’on a rencontrées.

On dédramatise en quelque sorte le rapport à l’IA : ce n’est ni un oracle inattaquable, ni un gadget, c’est un outil qu’il faut apprivoiser.

Pour les juniors, nous avons mis en place des règles d’apprentissage face à l’IA. Par exemple, quand un junior utilise l’IA pour générer du code, on lui demande systématiquement d’expliquer ce code comme s’il l’avait écrit lui-même.

Ça l’oblige à comprendre ce qu’il valide, et ça détecte s’il y a incompréhension. S’il n’arrive pas à expliquer, c’est qu’il a accepté quelque chose qu’il ne maîtrise pas – on fait alors une pause, on reprend le problème ensemble de zéro éventuellement. L’idée n’est pas de brider l’IA, mais de s’assurer que le développeur reste aux commandes intellectuellement.

De plus, on encourage les débutants à d’abord tenter par eux-mêmes avant de demander à l’IA, au moins sur les problèmes adaptés à leur niveau.

Ils peuvent comparer ensuite avec la solution IA et en tirer des leçons. L’IA doit être un tuteur, pas une béquille.

Pour les seniors, la montée en compétence se situe ailleurs : il faut apprendre à bien formuler ses demandes à l’IA (ce qu’on appelle un peu pompeusement le “prompt engineering”), connaître les forces et limites du modèle qu’on utilise, et mettre en place les bonnes pratiques dont on parlait. Un senior qui sait gérer le Vibe Coding va naturellement coacher les juniors à ses côtés.

Finalement, c’est un nouvel aspect du leadership technique qui apparaît : savoir tirer parti de l’IA dans un projet.

Cela va devenir une compétence clé des tech leads et CTO dans les années à venir.

Ceux qui ignorent ou refusent l’IA risquent de se retrouver à la traîne, tout comme les codeurs COBOL refusaient le web dans les années 90.

Au contraire, ceux qui intègrent intelligemment ces outils seront à même de libérer le potentiel de leurs équipes et d’aller plus vite et plus loin.

Innover plus vite, sans bâcler : un équilibre à trouver

L’objectif final du Vibe Coding, ce n’est pas de faire “joujou” avec une IA, ni de coder paresseusement. C’est d’accélérer l’innovation logicielle.

Il faut toujours garder en tête cette finalité. Chaque fois qu’on utilise une IA pour coder, posons-nous la question :

est-ce que ça nous fait gagner du temps pour investir notre énergie ailleurs de plus utile ?

Si oui, alors banco, utilisons-la. Si c’est par fainéantise ou effet de mode, alors non, mieux vaut s’abstenir.

Bien utilisé, le Vibe Coding est un incroyable levier pour explorer davantage de solutions en un temps donné, comme on l’a vu.

Cela signifie potentiellement des logiciels mieux pensés, car on a pu tester plusieurs approches avant de choisir la meilleure.

C’est aussi la possibilité de se concentrer sur l’expérience utilisateur, l’ergonomie, les fonctionnalités vraiment innovantes, plutôt que de passer des jours à recoder pour la énième fois un composant standard.

En ce sens, si on évite ses écueils, le Vibe Coding peut conduire à des produits finaux de meilleure qualité. Le tout, paradoxalement, en un temps réduit.

Prenons un cas concret de synthèse : une startup veut lancer rapidement un produit innovant sur le marché. En combinant développeurs seniors et Vibe Coding, elle peut prototyper, tester, itérer et arriver à une version stable du produit en quelques mois au lieu d’une année.

Cela veut dire qu’elle peut se permettre de tester plus d’hypothèses, d’ajuster son tir grâce aux retours utilisateurs, bref d’innover plus agilement. Ce qui autrefois nécessitait une armée de développeurs peut aujourd’hui être réalisé par une petite équipe bien outillée en IA. On l’observe déjà : des équipes de 5-6 dev capables de concurrencer en vitesse de développement des équipes de 20 devs classiques.

Ce n’est pas de la magie, c’est l’effet amplificateur de l’IA bien employée.

Cependant, cette vitesse ne doit pas se faire au détriment de la qualité et de la maintenabilité. Un adage qu’on pourrait proposer est : “Vibe Code fast, but don’t break things”.

Contrairement au mantra célèbre de Facebook “Move fast and break things”, ici on cherche la vitesse et la fiabilité.

Cela demande une discipline de fer pour ne pas sombrer dans la facilité. Par exemple, si l’IA nous sort un code qui “marche” mais qu’on pressent mal structuré, le développeur responsable doit prendre le temps de le refactoriser proprement, ou de guider l’IA pour une version plus propre.

Il ne faut pas céder à la paresse intellectuelle en se disant “bof ça passe, on verra plus tard”. La dette technique générée par de l’IA non contrôlée peut devenir un cauchemar. Souvenons-nous : chaque ligne générée reste sous la responsabilité de l’équipe de dev.

Si un module produit par IA échoue plus tard, qui est responsable ?

Ce sera toujours l’humain référent, pas l’IA. Il faudra assumer, déboguer, corriger.

Mieux vaut donc anticiper et traiter l’IA comme un junior très doué : il travaille vite, mais on relit toujours avant de fusionner son code. En résumé, vitesse d’accord, mais pilotée avec rigueur.

Enfin, l’innovation responsable passe aussi par une réflexion éthique.

Par exemple, si l’IA nous propose d’utiliser une librairie open-source obscure qu’elle a trouvée on ne sait où, prenons le temps de vérifier sa licence, sa pérennité.

Ne laissons pas l’IA introduire sans réflexion des éléments qu’on ne maîtriserait pas. De même, pour des projets critiques (santé, finance, etc.), on limitera peut-être le Vibe Coding aux phases de prototypage et on repassera sur le code final manuellement pour certification.

Bref, adapter le degré de confiance selon l’enjeu. Être responsable, c’est garder la main sur les décisions clés.

Vers un nouvel état d’esprit du développement

Au fond, pratiquer le Vibe Coding de manière optimale exige un véritable état d’esprit. C’est un mélange de confiance dans le progrès (oser s’appuyer sur l’IA) et d’humilité (reconnaître qu’il faut la contrôler et compléter ses failles).

C’est accepter de changer sa façon de travailler : moins de coding pur, plus de conception, plus de communication (avec l’IA, mais aussi avec les collègues pour partager les retours d’expérience). C’est aussi prendre plaisir à cette nouvelle collaboration homme-machine.

Personnellement, je trouve cela grisant et stimulant intellectuellement. On passe moins de temps sur la routine, plus sur les problèmes stimulants.

On devient un peu le coach de son IA, on lui apprend notre domaine (via RAG, on lui fournit de la doc), on la voit progresser dans la pertinence de ses réponses, et en retour elle nous pousse à être plus créatif.

C’est un cercle vertueux quand c’est bien fait.

Cet état d’esprit, c’est enfin de considérer que le Vibe Coding n’est pas un effet de mode mais bien la prochaine évolution naturelle du développement logiciel. Tout comme l’avènement des frameworks haut niveau ou des services cloud ont abstrait une partie du travail des développeurs, les IA abstraient maintenant une partie de la production de code.

Il faut l’accepter et se réjouir d’embrasser cette évolution. « Le développement assisté par IA n’est pas une mode passagère – c’est une évolution de notre métier » rappelait un expert récemment. En d’autres termes, le train est en marche, mieux vaut monter à bord et apprendre à conduire la locomotive plutôt que de rester sur le quai.

Bien sûr, cela demande de la vigilance et de l’adaptation. Mais si l’on réussit ce pari, les bénéfices sont immenses. Imaginez une génération de développeurs qui, dès les premières années, apprennent à travailler main dans la main avec des IA : ils pourront concrétiser des idées avec une efficacité redoutable, explorer des concepts logiciels d’une complexité encore jamais atteinte, et peut-être même repousser les frontières de ce qu’un seul développeur peut accomplir.

L’innovation logicielle pourrait connaître un âge d’or, où la limitation ne sera plus tant le coût ou le temps de développement, mais juste la créativité et l’imagination – des qualités proprement humaines, que les IA, elles, n’ont pas (encore).

En synthèse, le Vibe Coding bien pratiqué, c’est la promesse de décupler l’innovation tout en maintenant une exigence de qualité.

C’est un équilibre à trouver, un nouveau pacte entre le développeur et ses outils intelligents. Les seniors montrent la voie en l’adoptant prudemment mais résolument.

Les juniors devront y venir pas à pas, guidés pour ne pas brûler les étapes. Tous ont à y gagner : moins de labeur répétitif, plus de “flow” créatif, et au bout du compte, de meilleurs logiciels créés en moins de temps.

:coder avec l’IA, coder en conscience

Le Vibe Coding n’est donc pas un simple phénomène de mode de l’ère ChatGPT, destiné à disparaître une fois l’engouement retombé.

C’est une véritable mutation de notre manière de développer, un nouvel état d’esprit qui s’ancre progressivement dans les équipes.

Codeurs d’hier, devenons les chefs d’orchestre de demain.

Laissons l’IA prendre en charge la mécanique, pour que nos esprits puissent se concentrer sur la vision d’ensemble, l’innovation et la résolution des vrais problèmes.

Bien sûr, toute révolution technologique comporte ses défis.

Il y aura des déboires, des cas d’usage abusifs, des échecs retentissants de projets mal encadrés où l’on aura trop fait confiance à l’IA.

Mais il y aura surtout, je le crois, une progression continue des outils et des pratiques.

Déjà, la communauté s’organise : partages de retours d’expérience, guidelines de “AI coding”, améliorations des modèles pour réduire les hallucinations et augmenter la fiabilité.

Comme pour tout, on apprendra de nos erreurs et on fera mûrir la discipline du Vibe Coding.

Dans quelques années, on ne parlera peut-être même plus de “Vibe Coding” tant cela sera devenu naturel dans le développement logiciel.

Ce sera juste “coder”.

Les juniors de demain débuteront avec un GPT-6 intégré à Visual Studio Code comme copilote de base, tout comme on utilise StackOverflow aujourd’hui.

La différence, c’est que nous serons passés à un niveau d’abstraction supérieur, et que nos cerveaux pourront se focaliser sur l’essence des problèmes à résoudre, en déléguant la routine à des assistants numériques omniprésents.

C’est un futur qui me paraît désirable, tant qu’on garde à l’esprit notre responsabilité de développeur : au final, c’est à nous de garantir que le logiciel fait ce qu’il doit faire, de façon sûre et éthique.

L’IA nous assistera, mais elle ne portera pas le blâme des erreurs – ce sera toujours à nous d’assumer.

Pour conclure, je dirais que le Vibe Coding est un peu comme une nouvelle langue que nous, développeurs, devons apprendre.

Les seniors en maîtrisent déjà quelques rudiments et voient l’immense potentiel qu’elle recèle, les juniors doivent encore en apprendre la grammaire de base pour ne pas perdre leur latin de code.

Mais une fois fluent dans cette langue homme-machine, nous pourrons dialoguer avec nos ordinateurs d’une manière inédite et réaliser des choses qui hier nous semblaient hors de portée.

Ne voyons donc pas le Vibe Coding comme un gadget ou une menace, mais comme une évolution enthousiasmante de notre art.

Il ne tient qu’à nous d’en faire un instrument au service d’un développement logiciel plus rapide, plus créatif et plus ambitieux.

En gardant la tête froide et les mains sur le gouvernail, nous ferons du Vibe Coding non pas un laissez-passer vers la facilité, mais un tremplin vers l’excellence et l’innovation.

L’avenir du code est là, à portée de prompt. À nous d’embrasser cette nouvelle ère avec lucidité et passion.

Au fond, coder avec une IA, c’est dialoguer avec l’invisible.

C’est projeter une pensée abstraite dans un miroir de langage, et voir cette pensée prendre forme à travers une autre conscience – non pas humaine, mais calculée, probabiliste, amplifiée.

Le Vibe Coding devient alors plus qu’une méthode : une manière d’exister en symbiose avec une altérité numérique. Une passerelle entre notre intuition humaine et l’intelligence statistique du monde-machine.

En cela, il reflète un changement de rapport au code, mais aussi au réel : moins de contrôle absolu, plus de co-création.

Moins d’ego dans la ligne de commande, plus d’écoute du flux.

C’est peut-être là, dans cette capacité à dialoguer avec l’incertain, que réside la véritable révolution :

coder n’est plus seulement un acte de maîtrise, c’est une danse avec l’inconnu. Et pour ceux qui osent s’y abandonner avec exigence, c’est une voie vers une forme d’élévation créative – où l’on ne code plus seulement pour construire, mais pour comprendre.

Cordialement Vôtre,
Loïc Mancino